Archive | mars, 2023

La recette de la tourte à la viande.

Flore a rencontré Paul. Paul, fils-fils à sa man-man Solange. Maman snob, prétentieuse. En un mot, pétasse. Les tourtereaux vivent chez Pétasse. Celle-ci brime Flore. La déguise en fiancée du beau monde. Paul poursuit ses études de droit. S’écraser ou mourir pourrait être la devise de Flore. Elle s’écrase. Et puis Pétasse rêve d’être grand-mère. Flore le vit mal. Très mal. Ne supporte pas d’être pénétrée par son mari en fonction de sa température, ses cycles d’ovulation, etc. Déteste être une viande fécondable. Pète un plomb. Et décide de se venger du mépris marital en se faisant baiser par tous les mecs qui passent pourvu que ce soit rapide, sale et brutal. On peut penser que c’est une curieuse réaction, mais bon.
Paul ne supporte plus les infidélités de sa charmante épouse et tente alors de mettre fin à ses jours. Tente, parce que plus fils-fils à sa man-man que vraiment suicidaire et que le pauvre garçon transi d’amour en veine de consolation, c’est assez chic. Et Flore se barre. Loin.
Tout cela, c’est avant le début du livre et c’est ce qu’on devine au long des 400 pages de ce nouveau livre* du « phénomène » Mélissa da Costa que son éditeur qualifie de Nouvelle étoile du roman français.
Donc, quand le livre commence, Flore débarque en Nouvelle-Zélande, le bout du monde du titre. Rencontre Autumn (la mère) et Milly (la fille) qui dirigent un camping. Elle s’y fait engager. Mange beaucoup de tourtes à la viande. Voit des otaries, des dauphins, des arbres penchés**. Écoute des légendes maori. Se refait une vie loin de Paul et de Pétasse. Tombe amoureuse de Milly qui tombe amoureuse d’elle et qui lui dit Je pourrais t’aimer comme un homme — ce qui est curieux là aussi quand on a envie d’être entre filles. Obtient son visa de résidente permanente. Adore la Nouvelle-Zélande. Divorce à distance avec le suicidé raté. Bref devient une de ces femmes du bout du monde, heureuse et oubliée.
Et puisqu’il raconte, par une femme, trois femmes abandonnées des hommes, ce gros feel good fera assurément un gros carton et devrait, cette année encore propulser Mélissa en tête des ventes françaises car au-delà d’une histoire un peu tourte à la viande, elle se pare de la politesse d’une écriture accessible à tous : Scrunch, scrunch, font les chips dans la bouche d’Anaru tandis qu’Autumn retient son souffle (page 213 de mon Kindle). Bon voyage.

*Les Femmes du bout du monde, de Mélissa Da Costa. Éditions Albin Michel. En libraire depuis le 1ermars 2023.
**Et même un ours polaire, bien qu’on ne trouve pas d’ours polaire en Nouvelle Zélande, sauf en cas d’abus d’Oamuravian.

Vendredi 28 avril 2023.

Retrouvailles mancelles ce vendredi, dans la belle librairie de la toujours grande amoureuse des livres, Marie-Adélaïde Dumont. Une soirée particulière — au programme rires, émotions, confidences et probablement un bon verre pour trinquer à l’amour.
18 heures. Librairie Doucet. 66 Av. du Général de Gaulle, 72000 Le Mans.

Famille, je vous aime.

La Famille de Pantin* n’est pas exactement un livre. Un voyage, plutôt. Le voyage qu’entreprend Michèle Fitoussi dans son histoire, ses souvenirs, son exil. La Tunisie, la France, sa judéité, les Juifs sans cesse poussés, repoussés ; l’errance qui crée des racines non pas dans la terre mais dans le cœur. La soixantaine lumineuse, déjà bien remplie — éditorialiste et grand reporter à ELLE, scénariste, romancière, chevalier de la Légion d’honneur —, Michèle prend enfin le temps des autres et nous les raconte, comme on feuilletterait ensemble un album de photographies sans que cela soit jamais ennuyeux, de s’entendre raconter des gens qu’on ne connait pas.
Mais en fait, si, on les connait.
Peu importe qu’ils soient juifs, exilés, vivants ou morts, ils portent comme chacun de nous la nostalgie des jours heureux, comme chacun de nous s’abreuvent à l’amour et à l’amitié, comme chacun de nous rêvent et espèrent et c’est en cela que cette incroyable et si attachante famille est aussi la nôtre.

*La Famille de Pantin, de Michèle Fitoussi. Aux éditions Stock, coll La Bleue. En librairie depuis le 1er mars 2023.

Dimanche 23 avril 2023.

Après deux ans de borborygmes masqués, d’étreintes vides, de livres sans dédicaces, revoici le temps des retrouvailles, dans un lieu assez magique, le Grand Palais.
Festival du Livre de Paris au grand Palais Éphémère. En ce qui me concerne:
15h00 : Signature sur le stand Grasset.
16h00-17h00 : « A la folie, passionnément » en scène Eiffel, avec Nathalie Bauer et Julien Birban. 

17h00 : Signature sur le stand du livre de Poche. Beau programme, non ?

Samedi 22 avril 2023, 11 h.

De retour dans les Terres du Nord, Abbeville cette fois, dont je connaissais la gare pour y être si souvent passé en train afin de rejoindre le pensionnat, à Amiens. Pas de retrouvailles ferroviaires ce samedi, mais une rencontre particulière à la Librairie Studio Livres.
11 h/13 h. Studio Livres, 33 place Max Lejeune, 80100 Abbeville. Rencontre et dédicace. 

Samedi 22 avril 2023, 16 h 00.

Après Abbeville, cap sur Le Touquet qui occupe une place de choix dans mes romans, et notamment dans Une nuit particulière, puisqu’une fois encore c’est sur cette incroyable page qu’il se dénouera. Rendez-vous donc dès 16h00 à La Maison de la Presse et le soir, pour l’inauguration de ce nouvel espace rencontre dont j’ai accepté d’être le parrain. Une journée particulière garantie.
16h00. Maison de la Presse, 58 rue de Paris, 62520 Le Touquet.

Mercredi 12 avril 2023.

Dans le cadre de la 3ème édition du « Presque Festival », la formidable Librairie Place Ronde organise des rencontres littéraires du 11 au 15 avril et j’ai le plaisir d’être convié à l’une d’entre elles qui se tiendra ce soir-là à 18h30 à la Médiathèque Jean Lévy. Un chouia plus ici.
18h30. Médiathèque Jean Lévy, 32-34 Rue Edouard Delesalle, 59000 Lille.

San Perdido mais avec brio*.

Il y a longtemps que je voulais lire ce livre** dont les libraires me disaient à sa parution beaucoup de bien, eh bien c’est chose faite.
Voici un texte à ranger du côté des sud-américains, Sepúlveda, Márquez, Llosa, non seulement à cause de son décor, le San Perdido du titre, Panama, mais à cause de la moiteur, de la sensualité, de ces grappes de gamins qui vivent à la lisière de la décharge à ciel ouvert, à cause d’un enfant noir aux yeux bleus et à la force herculéenne, des mythes qui se créent à l’aube et se défont la nuit, à cause des prostituées sublimes, des clients gras, à cause des Gouverneurs véreux et de ceux qui veulent être gouverneurs à la place du gouverneur, à cause de la magie, du sacré, des Terres volées aux Cimarrons, des légendes qui effraient, des crimes et du désir permanent, désir poisseux, à cause de ces récits hallucinées et hantés qui fabriquent des héros pour rendre supportable les vies de misère et éloigne les envies d’immolation : l’espoir. Un minerai rare en ces temps sombres.

* Pardonnez-moi pour ce faible jeu de mots, mais comme le disait le scorpion dans son histoire avec le ragondin : « Je n’ai pas pu résister ».
**San Perdido, de David Zuckerman. Éditions Calmann-Lévy, en librairie depuis le 2 janvier 2019 et au Livre de Poche depuis le 11 mars 2020.