La terrifiante douceur de l’écriture.

Francine Ruel est une auteure québécoise qui écrit depuis plus de quarante ans, c’est dire qu’elle a tamisé son écriture pour n’en garder que le meilleur. Dans Anna et l’enfant-vieillard (qui fut un énorme succès au Canada avec plus de 75.000 exemplaires vendus) c’est cette écriture, justement, qui nous sauve de l’enfer de son histoire : celle d’une maman qui assiste, impuissante, à la chute de son fils. Les pots, d’abord, à douze ans, puis toutes les drogues, tous les alcools, toutes les violences à soi-même, et qui finit par vivre dans la rue, la crasse et l’oubli du corps. Le talent de Francine ici est d’avoir trempé un peu de son écriture dans celle qu’elle utilise pour ses livres jeunesses afin d’offrir à cette histoire une immense douceur, déshabillée de la colère, dépiautée du pathos qui plombe souvent ce genre de récit. Voici donc le magnifique portrait d’une maman magnifique qui apprend à faire le deuil d’un fils vivant et par là, nous dévoile l’immensité de l’amour maternel.

*Anna et l’enfant-vieillard, de Francine Ruel. Aux éditions Libre Expression. En librairie depuis le 1erseptembre 2022.