Les ailes collées.

Bien sûr, il y a quelque chose de glaçant dans le titre du troisième roman* de Sophie de Baere, quelque chose de l’ordre du petit psychopathe qui épingle vivants les papillons, leur arrache les ailes, dissèque un hamster, brûle un jour un chat et plus tard s’attaque à ses frères humains. Car au-delà de l’histoire d’amitié amoureuse de Paul, le personnage principal du livre, avec Joseph, puis d’amour, c’est bien de la cruauté des autres dont il s’agit ici, de la violence des camarades de cours d’école qui peut casser en deux, donner des envies de noyades. Toujours la même sordide histoire où le bonheur des uns, quel qu’il soit, fait la méchanceté des autres. Toujours ce même besoin d’un martyr sacrificiel pour que la société des minables tienne debout. 
Avec son nouveau texte, flamboyant à son habitude, Sophie met le feu à la morale des imbéciles et fait s’envoler très haut les cœurs de ceux qui s’aiment. Vertigineux.

*Les ailes collées, de Sophie de Baere. Éditons JC Lattès. En librairie depuis le 2 février 2022. Prix Maisons de La Presse 2022.